Sophie

Génération Taraddicts : En tant qu’auteur jeunesse, tu es probablement l’auteur français le plus connu, comment le vis-tu ?

Sophie Audoin-Mamikonian : Mince alors ! Moi ? Euh, je ne pense pas être l’auteur jeunesse français le plus connu, juste un auteur parmi plein d’autres.

GT : Beaucoup d’auteurs gardent une certaine distance vis-à-vis de leurs fans, qu’est-ce qui te pousse à être aussi proche des taraddicts ?

S. A-M : Mon amour des gens. J’ai le syndrome maman poule. Dès qu’il y a des poussins (et finalement quelque soit leur âge) j’ai tendance à les prendre sous mon aile. Cot cot !

GT : Qu’est-ce qui t’a poussée à t’impliquer autant sur Internet ?

S. A-M : Ben je voulais communiquer avec mes lecteurs, parce que ça m’avait manqué lorsque j’étais jeune, de ne pas pouvoir dire à Georges Lucas à quel point j’idolâtrais Star Wars lol !

GT : Comment Internet a-t-il commencé et développé ta relation avec les taraddicts, t’y attendais-tu ?

S. A-M : J’ai créé mon site internet en 2002, incluant mon adresse mail, puis et mon blog en 2005. Je dirais que cela s’est fait très naturellement, le blog étant la suite logique des mails que je recevais et à qui je repondais. Et puis Fabrice Florent, un ami qui gère Madmoizelle.com m’a dit qu’il fallait que j’écrive mon blog parce qu’il aimait les anecdotes dingues qui m’arrivaient !

GT :Sur Internet, tu conseilles notamment la plupart des taraddicts écrivains en herbe, es-tu confiante en l’avenir de la littérature jeunesse en France ?

S. A-M :Marie Caillet, une très jeune taraddict est éditée chez Michel Lafon à la rentrée. J’ai longtemps correspondu avec elle et je pense que je dois être l’une des premières à lui avoir dit qu’elle avait du talent. Alors la réponse est oui, il y a un énorme potentiel de jeunes auteurs, c’est génial !

GT : Au passage quels sont les cinq livres que tu conseillerais à tes lecteurs ?

S. A-M : Plutôt des auteurs qui ont écrit plein de livres : Alexandre Dumas, spécialement Les trois mousquetaires et le comte de Monte Christo, tous les livres de David Eddings, surtout la Mallorée et la Belgariade, les livres de Terry Pratchett Le Disc World, Agatha Christie et ses quatre vingt livres remarquables et tordus niarf, Homère et ses légendes, Lois Mac Master Bujold avec sa saga Vorkosigan et aussi son Fléau de Chalion. Elle est remarquable tant en science fiction qu’en fantasy. Zelazny et les neuf princes d’Ambre…Pfff, il y en a trop !

GT : Qui dit livre, dit critique littéraire, tu n’en as pas eut beaucoup, mais comment gères-tu les critiques négatives ? (Moi je dis… CHOCOLAT !)

S. A-M :Mal. Il est impossible de critiquer un livre, parce que ce qui ne nous plait pas à nous va plaire à quelqu’un d’autre. Je ne comprends donc pas les gens qui déchargent des tombereaux d’ordures et de haine sur les auteurs. Je trouve cela inutile et mesquin. Qu’ils écrivent donc des livres et soient publiés avant de juger !

GT : Tu abordes souvent des thèmes d’ordinaires tabous dans tes romans, est-ce que tu essaies de faire passer des messages à tes jeunes lecteurs ?

S A-M : Non, jamais. Ce serait appauvrir mon écriture. Mais forcément ce que je respecte ressort dans mes romans. La pollution, le gachis, le pouvoir de l’argent ou le pouvoir tout seul, la sexualité des ados, même si je la traite de façon light, l’amour et l’amitié. Ce sont des thèmes importants.

GT : Il y a-t-il des thèmes que tu t’interdis d’évoquer dans Tara Duncan ? Ton éditeur te censure-t-il ?

S. A-M : Oui. Au départ Kyla était un garçon. A’rno était homosexuel. Mon éditeur m’a demandé de changer.

GT : Avec la sortie simultanée (ou presque) du tome 8 et du dessin animé, commences-tu déjà à anticiper la tonne de mails que tu vas recevoir ?

S. A-M : J’avoue que je suis un peu inquiète. J’ai déjà plus de 3000 mails de retard, je crois que je vais acheter un tuba et des palmes parce que je sens que je vais être submergée, gloub gloub gloub !

GT : Et bientôt les Etats-Unis avec Tara ! Seras-tu prête à t’investir autant que pour les fans français ?

S. A-M : Je suis partie en Corée et je réponds tous les jours à des mails coréens, japonais, italien ou russes depuis des années. L’Amérique sera pareille, sauf que ce sera plus facile puisque si je parle anglais je ne parle pas coréen, russe ou japonais et que parfois les fans m’écrivent dans ces langues ce qui complique un peu les choses lol !

GT : D’ailleurs, où en est la publication aux USA et est-ce que l’anglicisation du roman ne te gène pas ? Le style d’écriture a vraiment changé !

S. A-M : Oui, j’ai réécrit totalement le tome 1, qui se rapproche beaucoup du scénario du coup. On verra bien ce que les américains vont faire.

GT : Au passage Tara va-t-elle être traduite dans d’autres pays ?

S. A-M : Oui, nous venons de signer la Turquie et l’Allemagne est très intéressée, enfin !

GT : Repartons sur Tara, nous savons tous que tu as tout d’abord créé Autremonde, est-ce qu’il y a certains aspects de cet univers que tu n’as pas encore exploités ? Comptes-tu nous en montrer des aspects inconnus au travers des prochains Tara Duncan ou d’autres romans ?

S. A-M : Oui, bien sûr, il y a encore des tas de pays où nous ne sommes pas allés. J’ai hâte de vous faire découvrir la patrie des Tatris !

GT : D’ailleurs au tout début de la création d’Autremonde, Tara Duncan n’était pas l’héroïne de la série, elle s’était fait voler la vedette par son frère aîné, Skyler ! Qu’est-ce qui t’as poussé à changer aussi drastiquement l’histoire originale ? Pourrions-nous avoir quelques précisions dessus ?

S. A-M : Mon éditeur (ndlr : Le Seuil Jeunesse) ne voulait pas d’un héros garçon, à cause de Harry Potter, même si pour moi, Tara était autant l’héroine que Skyler. J’ai donc obéi à ses souhaits. Donc au lieu d’avoir été enlevée par Magister et que Skyler parte à sa recherche tandis que Tara parvenait à se délivrer ainsi que sa mère, c’est Tara qui était menacée mais pas enlevée.





A bientôt pour la seconde partie de cette interview exclusive Génération Taraddicts !

Scoop